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Maintenons l'EUROPE sans OGM !

Investissons plutôt dans une Agriculture Durable

Source : ISIS Press Release 26/10/04 et ISP News

Selon ce compte-rendu de Lim Li Ching , d es scientifiques indépendants, des politiciens et des agriculteurs se sont joints à un appel en faveur d'une Europe à l'abri des OGM et pour un soutien urgent à une agriculture durable et sans OGM.

Un contingent de scientifiques fort de 30 participants venant de tout le Royaume Uni avaient traversé la Manche en direction de Bruxelles. Beaucoup d'autres y convergeaient, en provenance du reste de l'Europe, constituant un total de 120 personnes qui s'étaient inscrites pour une rencontre au Parlement Européen le 20 octobre 2004 sous l'égide de l' ISP [ Independent Science Panel ], un Jury pour une science indépendante. Animé et co-présidé par la députée européenne Jill Evans , du parti Plaid Cymru et affiliée au groupe écologiste " The Greens/European Free Alliance ", la manifestation a été sans précédent à plus d'un titre.

Chercheurs, politiciens et agriculteurs se sont retrouvés pour adresser un appel à la Commission Européenne afin qu'elle abandonne sa campagne en faveur des plantes génétiquement modifiées, d'une part, et qu'elle s'oriente à la place vers un soutien à une agriculture durable et sans OGM, d'autre part. Des représentants de nombreuses organisations de la société civile � agriculteurs biologiques, maraîchers, producteurs, dirigeants, juristes et médecins � et des membres du Parlement Européen étaient présents pour apporter leur soutien.

The scientists  were among a contingent of 30-strong from all over the   United Kingdom who crossed the English Channel to Brussels

Introduisant la rencontre, le co-président Prinz Felix von Löwenstein , Président de la fédération allemande des producteurs d'aliments biologiques en Allemagne, a souligné que l'agriculture européenne est à une croisée des chemins et "qu'un défi majeur pour les politiciens en Europe, est de garantir qu'il y aura bien une agriculture sans OGM dans le long terme".

Mae-Wan Ho , qui est Directrice de l' ISIS [The Institute of Science in Society, l'Institut pour la Science dans la Société], et membre de l' ISP , a développé comment une argumentation scientifique s'est montrée déterminante pour contrer les plantes génétiquement modifiées et pour favoriser au contraire une agriculture durable sans OGM. Le "Dogme Central" étayant le génie génétique � d'après lequel un gène est supposé être responsable [de la synthèse] d'une protéine, et donc d'un caractère � est maintenant supplanté par le `génome fluide`, dans lequel la structure d'un gène et son expression sont modifiées en permanence sous l'influence du milieu environnant.

Elle a brossé un beau tableau d'un organisme vivant qui se régule lui-même et de son génome dans son ensemble, par opposition au génie génétique artificiel qui est rudimentaire, imprécis et invasif. L'organisme est un bon modèle pour les systèmes durables. Il capte et conserve une énergie cohérente et mobilise celle-ci de façon efficace dans un grand éventail d'activités. Ceci est à mettre en parallèle avec des écosystèmes durables qui dépendent de la diversité pour capter et conserver le plus possible d'énergie de vivant. Par conséquent, la biodiversité et la productivité vont ensemble, comme cela est exploité dans l'agriculture écologique traditionnelle. C'est pour cela que les cultures génétiquement transformées et les autres monocultures ne sont pas durables et qu'elles sont incapables d'apporter des solutions à la faim.

Faisant ressortir les principales incertitudes sur la sécurité du processus des modifications génétiques, elle a argumenté le fait que "les OGM représentent une impasse scientifique et financière, et qu'il est maintenant grand temps de fermer les rideaux sur eux !" Se basant sur cette évidence, Mae-Wan Ho a déclaré que "la ligne de conduite logique et raisonnable est d'aller vers une Europe sans OGM et vers une orientation complète en faveur d'une agriculture durable et sans OGM".

Délivrant à l'assemblée un message selon lequel l'agriculture durable marche, Sue Edwards , Directrice de l'Institut pour le Développement Durable, en Ethiopie, a présenté une synthèse complète d'un projet démarré en1996 avec les agriculteurs locaux et le Bureau Ethiopien de l'Agriculture et des Ressources Naturelles (BoANR). Dans le Tigray, un territoire du nord de l'Ethiopie, comme dans une grande partie de ce pays, la dégradation des sols constitue un problème énorme qui aboutit à une faible production agricole et à la pauvreté. Sue Edwards a décrit comment diverses techniques de culture biologique et de gestion des sols, choisies et mises en �uvre par les agriculteurs, ont augmenté les rendements et réhabilité le milieu dégradé.

En particulier, le compostage a doublé ou triplé les rendements des cultures, surpassant l'emploi des fertilisants chimiques et sans soumettre les producteurs à des dettes contractées pour l'achat de ces engrais. Cela a abouti à un meilleur revenu chez les agriculteurs. D'autres indicateurs de durabilité sont évidents, comme une biodiversité agricole accrue, une réduction des plantes adventices ou « mauvaises herbes » dans les cultures, une meilleure rétention de l'eau dans les sols et une augmentation de la résistance aux parasites et aux maladies.

Le succès de ce projet a été tel qu'en partant de quatre lieux d'implantation à son tout début, il a maintenant été étendu à plus de 90 communautés travaillant avec l'organisme BoANR au Tigray. De plus, l'Autorité fédérale de la Protection de l'Environnement a maintenant adopté cette approche en tant que stratégie principale pour lutter contre la dégradation des sols et la pauvreté à travers tout le pays ; elle a commencé à mettre en application cette stratégie dans 69 communautés pilotes réparties dans le pays.

Peter Saunders , qui est Professeur de mathématiques appliquées au King's Collège de Londres, a carrément souligné l'urgence d'adopter une agriculture durable dans le contexte plus large du changement climatique. Le pétrole est une ressource limitée et le changement climatique est une réalité. Mais, a t-il souligné, l'agriculture industrialisée est consommatrice d'énergie et de ressources, comme l'indique certaines études, jusqu'à six à dix fois plus d'énergie pour produire une tonne de céréale, comparativement à une agriculture durable. Les cultures de plantes génétiquement modifiées vont encore intensifier cette dépendance et induire des risques inconnus par-dessus le marché.

Peter Saunders a souligné la nécessité de baser l'agriculture sur la connaissance des agriculteurs, laquelle "n'est pas la même que celle d'autrefois, car nous avons tiré profit de la science moderne". Une telle connaissance ne peut pas être brevetée, alors que les cultures d'OGM permettent à des sociétés de posséder et de contrôler les variétés de plantes cultivées, ce qui les incite à promouvoir fortement les OGM. "Il y a un besoin urgent d'aller vers une agriculture à des taux d'intrants faibles; le véritable rôle de la science est d'améliorer l'agriculture durable, et non d'en faire profiter les sociétés de biotechnologies", dit-il.

Bob Orskov de l'Institut Macaulay en Ecosse a continué sur ce thème, montrant comment l'agriculture durable est une meilleure option que la monoculture conventionnelle, avec des exemples pris dans des pays asiatiques, où les cultures associées, y compris l'agriculture forestière, a augmenté le rendement des récoltes, la fertilité des sols et la biodiversité. Au Sri Lanka, en Indonésie et en Malaisie, où les animaux ont l'habitude de pâturer sous des arbres tels que le cocotier et le palmier à huile, il a noté que cette pratique augmente à la fois le rendement des arbres et la productivité des animaux. "Une véritable situation de gagnant-gagnant", dit-il.

De façon similaire, l'intégration d'animaux, comme des canards et des poissons, dans les rizières, donne de bien meilleurs rendements qu'en ayant recours à des herbicides. De telles cultures associées sont également possibles en Europe. Une recherche conduite en Ecosse a montré que lorsque des moutons pâturent sous des arbres, la productivité des moutons est plus élevée que s'ils pâturent dans des espaces ouverts. Ceci est particulièrement le cas en années sèches. Il a conclu ainsi : "Si nous voulons vraiment encourager les efforts contre la pauvreté en milieu rural, nous devons accorder plus d'attention aux cultures associées, et notamment à l'agriculture en milieu forestier".

Ancien Ministre de l'Environnement de Grande Bretagne, Michael Meacher a esquissé les changements nécessaires dans la recherche et la politique scientifique, pour contourner les OGM et passer à l'agriculture durable. Il a lancé une attaque directe sur la commercialisation de la science des OGM. "Afin que la science repose sur la confiance, elle doit être conduite en totale indépendance et liberté, à l'abri de toute influence commerciale", dit-il.

Les implications politiques sont triples : si nous voulons une recherche indépendante, nous devons la payer pour cela ; aucun membre d'une commission de réglementation ou d'un comité consultatif, ne doit avoir présentement, ou avoir eu dans un passé récent, des liens avec l'industrie concernée, et les contributeurs aux publications scientifiques devraient révéler entièrement leurs sources de financement. Ceci est crucial car, selon son évaluation, 40% des membres des comités de conseils scientifiques en Grande Bretagne, sont en relation avec les industries de biotechnologies, et 20% sont liés à Monsanto, Zeneca et Novartis.

Micheal Meacher a également déploré que la Commission Européenne semble céder sous la pression des plaintes contre son moratoire de fait sur l'approbation des OGM, plaintes formulées par les Etats Unis, le Canada et l'Argentine auprès de l'Organisation Mondiale du Commerce. Il dit qu'il était absurde de suggérer que l'Europe avait gêné le développement de la technologie des OGM ou qu'elle avait conduit des pays en développement à la famine, car le temps pris par l'Europe pour réviser ses lois est raisonnable, et la faim n'a rien à faire avec l'absence d'OGM.

Tout en admettant qu'il n'était probablement pas réaliste de prévoir une interdiction catégorique des cultures d'OGM en Europe, il a réclamé, avant toute autorisation future, un programme systématique de recherche sur les impacts de cette technologie, dans les domaines de la santé et de l'environnement, une prolongation des critères de rejet des OGM afin d'inclure les cas qui nuiraient à la durabilité de l'agriculture, et une interdiction sur les brevets concernant les êtres vivants.

Les citoyens ne vont certainement pas se soumettre aux OGM sans protestation. L'accroissement des zones sans OGM sur le continent a été phénoménal. Beatrix Tappeser , de l'Agence fédérale allemande pour la conservation de la nature a décrit les zones sans OGM comme étant un processus d'auto-organisation des agriculteurs. Depuis novembre 2003, cinquante régions sans OGM ont été établies en Allemagne, impliquant 11.600 agriculteurs, couvrant 430.000 hectares de terre arables et plus d'un million d'hectares au total si l'on inclut les berges de rivières et les forêts.

L'Agence allemande soutient activement certaines de ces initiatives et elle finance une campagne d'information sur la question. Comme elle est responsable des secteurs géographiques protégés en Allemagne, l'Agence a également établi à grande échelle des secteurs de conservation, dans lesquels aucune variété génétiquement modifiée ne peut être semée et cultivée.

L'agriculteur français José Bové, représentant la Confédération Paysanne et la Coordination Européenne des Agriculteurs a décrit la campagne actuelle non-violente de désobéissance civile en France, qui a abouti à la destruction des expérimentations au champ des cultures de plantes transgéniques. Cela s'est produit parce que le gouvernement n'est pas assez à l'écoute. La majorité de la population et beaucoup d'agriculteurs rejettent les cultures d'OGM. Environ 2.000 maires ont déclaré leur municipalité "sans OGM", mais le gouvernement central français les a renvoyés devant la justice, arguant du fait que les municipalités n'ont pas un tel droit.

Malgré cela, 17 régions françaises (sur un total de 22) se sont elles-mêmes déclarées "zones sans OGM". Tout en soulignant que ce travail là avait été effectué pour améliorer la démocratie, José Bové arguait du fait que d'autres moyens doivent être trouvés pour faire entendre la voix des citoyens. Des centaines de personnes les ont rejoint pour arracher les plantes OGM, dont un membre du Parlement Européen. Il s'est lui-même voué à poursuivre le combat contre les OGM, "même si nous devons retourner à nouveau à la prison".

Eva Novotny , qui est membre de l' ISP , a résumé l'état d'esprit lorsqu'elle a décrit les mesures économiques, sociales et environnementales qui devraient être prises pour promouvoir la durabilité et le soutien aux petits exploitants agricoles. Ceci signifie de sortir des techniques de monocultures industrialisées, à grande échelle et à taux d'intrants élevés, pour tendre vers une production agricole locale sans OGM qui soutient les exploitations familiales, assure des prix raisonnables et maintient la biodiversité.

L' ISP a profité de cette occasion pour lancer les versions françaises et espagnoles de son rapport " Plaidoyer pour un monde durable et sans OGM " : The Case for a GM Free Sustainable World , un dossier très complet sur l'évidence des problèmes rencontrés et sur les risques liés aux cultures de plantes transgéniques, ainsi que sur les succès prouvés et les avantages de l'agriculture durable (on peut consulter les informations relatives à l'organisation l' ISP  sur le site web : www.indsp.org ).

Nous exprimons notre reconnaissance pour l'aide financière accordée pour cette rencontre par la Fondation de Terre Humaine, la Fondation de Sauve, Green Cuisine, Environmental Issues Forum, Josephine Sikabonyi pour l'aide en ligne aux agriculteurs , Caroline Clarke, Brian Baxter et Roger Taylor.

L' ISIS = �The Institute of Science in Society� est une organisation non gouvernementale basée à Londres, Grande Bretagne. L' ISIS une organisation indépendante, sans but lucratif, destinée à fournir au public une information critique sur les frontières de la science, à promouvoir la transparence envers la société et la durabilité écologique à travers la science.

L' ISP = �Independent Science Panel� ou �Jury pour une science indépendante�, est constitué d'un ensemble de scientifiques impliqués dans de nombreuses disciplines et qui sont engagés dans la Promotion de la Science pour le Bien Public. Pour lire leur objet statutaire, tapez ici

 

 
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