La vie après le cauchemar des manipulations génétiques
Docteur Mae-Wan Ho
« Maintenons l'EUROPE à l'abri des OGM » est le titre d'un exposé présenté lors de la rencontre au Parlement Européen sous l'égide de l' I.S.I.S. et de l' I.S.P. le 20 octobre 2004.
ISIS = �Institute of Science in Society� = Institut pour la Science dans la Société www.i-sis.org.uk et
ISP = �Independent Science Panel� = Jury pour une Science Indépendante www.indsp.org
Note du traducteur : les nombres entre crochets [..] renvoient aux références bibliographiques rapportées à la fin de ce texte. Pour accompagner celui-ci, l'on peut se référer aux documents de la présentation orale de Mae-Wan HO qui sont accessibles par Powerpoint Presentation . Nous indiquons dans le cours du texte ci-dessous, les numéros des documents qui s'y rapportent entre crochets : [Document n° ].
Etat des lieux
En 2003, un total de 67,7 millions d'hectares ont été cultivés avec des plantes transgéniques à travers le monde. Les Etats-Unis sont de loin le plus important des pays producteurs avec un total de 63,2% des surfaces, et l'Argentine vient loin derrière avec 20,5% des surfaces.
Les surfaces semées en soja représentent 61,2% du total des cultures d'OGM; le maïs vient en second avec 22,9% des surfaces, devant le coton et le colza [1].
La majeure partie des cultures - plus de 73% - concerne la tolérance à un herbicide, 18% se rapporte à une résistance à des insectes et le reste des cultures présentent simultanément ces deux caractères [Documents n° 2 et 3] .
Cela peut paraître impressionnant jusqu'à ce que vous réalisiez que 67,7 millions d'hectares cultivés avec des OGM ne correspondent qu'à 1,3% des 5.019,6 millions d'hectares des surfaces agricoles mondiales [2], et que ces surfaces en OGM sont, pour la plus grande part, confinées dans deux pays [Etats-Unis et Argentine]. Les cultures d'OGM ne représentent qu'une part minoritaire, par exemple loin derrière les productions réalisées selon les recommandations de l'agriculture biologique ; et elles présentent des signes d'effondrement.
Le dernier géant des sociétés de biotechnologies, Syngenta, a quitté le Royaume Uni en juin 2004, faisant suite à Monsanto, Dupont et Bayer Cropscience [3]. Le secteur de la santé n'a fait guère mieux si l'on en juge d'après les titres parus dans le Wall Street Journal [4] :
�Les piètres résultats financiers des sociétés de biotechnologies : plus de 40 milliards de dollars US de pertes� ; �Non seulement l'industrie des biotechnologies a enregistré des résultats financiers négatifs depuis des décennies, mais le gouffre se creuse chaque année un peu plus� [Document n° 4] .
La presse dominante et les scientifiques des biotechnologies accusent les « casseurs et activistes » de rejeter ces activités économiques. Mais la véritable raison de l'enterrement des ces grands groupes d'affaires, repose sur le fait que leurs bases scientifiques sont erronées, comme je l'ai expliqué dans mon livre, Living with the Fluid Genome [5] [Document n° 5] .
Le génome fluide
Le génie génétique a débuté dans le milieu des années 1970 avec l'illusion que, d'une part, le génome � la totalité du matériel génétique qui définit une espèce � est statique et demeure constant et que, d'autre part, les caractères d'un organisme vivant sont étroitement dépendants des gènes. Ceci a été bien résumé dans le �Dogme Central� de la biologie moléculaire mise en avant par Francis Crick [L'information portée par l'ADN est transférée aux ARN pour la biosynthèse des protéines] [Document n° 6] .
Mais les généticiens ne devaient pas tarder à se rendre compte, à leur grande surprise, que le génome est dynamique et 'fluide'; à la fois l'expression des gènes et leur structure se modifient constamment sous l'influence de l'environnement [Document n° 7, reproduit ci-après] .

Les processus responsables du �génome fluide' sont précisément orchestrés par l'organisme vivant dans sa globalité, dans une 'danse de la vie' hautement coordonnée qui est indispensable pour sa survie. Au contraire, les manipulations génétiques, réalisées en laboratoire, sont rudimentaires, imprécises et invasives [Document n° 8] .
Les gènes intrus transférés dans un génome, pour produire un OGM , une plante ou un animal génétiquement modifiés, peuvent atterrir n'importe où; au besoin dans un état réarrangé ou défectueux, brouillant le génome de l'hôte au niveau du site d'insertion et ils ont tendance à se déplacer et à se réarranger par la suite, une fois qu'ils ont été insérés [Document n° 9] . En conséquence, les cultivars issus de plantes génétiquement modifiées sont extraordinairement instables.
Un peu partout, les responsables de la réglementation se sont caché les yeux pour ne rien voir de ces problèmes posés, jusqu'à ce que l'Union Européenne approuve, après délibération, et sorte une nouvelle directive en 2001, qui exige que les sociétés de biotechnologies fournissent une documentation détaillée se rapportant à la stabilité de chaque cultivar issu de plantes génétiquement modifiées.
L'année dernière [2003], des chercheurs du secteur public ont procédé [en France] à l'analyse de cinq cultivars déjà commercialisés et ils ont trouvé que toutes les séquences génétiques insérées s'étaient réarrangées d'elles-mêmes. Ces résultats ont été présentés lors d'une conférence sous le titre suivant : �Caractérisation des inserts d'OGM commerciaux : une source de matériel utile pour l'étude de la fluidité du génome� [6]. C'est précisément cette fluidité du génome qui rend toute modification génétique à la fois futile et risquée [5].
Des chercheurs belges ont confirmé ces résultats et, de plus, ils ont montré que quelques cultivars commercialisés et issus de plantes génétiquement modifiées étaient non seulement instables, mais également non uniformes. Ces cultivars issus d'OGM doivent être considérées comme illégaux d'après la nouvelle directive européenne [qui concerne les critères requis pour la commercialisation des semences en Europe].
L'instabilité génétique constitue un sérieux problème de sécurité [alimentaire], du fait que le matériel des cultivars issus d'OGM est maintenant différent de celui des générations antérieures, et qui avait été évalué et autorisé comme sûr et sans danger pour la mise en culture et pour l'alimentation animale et humaine. Et il y encore d'autres inquiétudes importantes en matière de sécurité alimentaire, pour les êtres humains et les animaux, qui n'ont pas encore été abordées.
Incertitudes majeures concernant la sécurité des procédés de modifications génétiques
- L'Autorité Européenne de Sécurité Alimentaire a exprimé une opinion favorable en ce qui concerne le maïs génétiquement modifié Mon863 de Monsanto, qui contient l'insecticide d'origine biologique Cry3Bb1 , en dépit de résultats « très inquiétants » lors de tests d'alimentation qui ont montré des malformations rénales et une augmentation des globules blancs chez les femelles de rats [7].
- L'année dernière [2003], une centaine d'habitants d'un village du sud des Philippines, qui vivaient près de parcelles de maïs génétiquement modifiés, sont tombés malades lorsque les maïs se mirent à fleurir [8]. Terje Traavik, de l'Institut norvégien d'Ecologie Génétique de Tromsø, a mis en évidence des anticorps de Cry1Ab, produits par les maïs OGM, dans le sang de 39 villageois [9]. La même maladie est réapparue cette année [10].
[Les deux informations ci-dessus sont synthétisées dans le Document n° 11].
- Entre 2001 et 2002, douze vaches sont mortes dans une ferme de Hesse, en Allemagne, après avoir mangé du maïs génétiquement modifié Bt176 de Monsanto, et d'autres animaux du troupeau ont dû être abattus en raison d'une mystérieuse maladie [11] [Document n° 12] . L'Autorité espagnole de Sécurité Alimentaire avait retiré son autorisation pour la culture de ce maïs Bt176 [12].
- Arpad Pusztai [un chercheur qui travaillait en Grande Bretagne] et ses collègues ont trouvé que des pommes de terre génétiquement modifiées avec le gène de la lectine, affectaient tous les organes de jeunes rats [au cours d'une expérimentation], et que la muqueuse de l'estomac et de l'intestin grêle présentait une épaisseur égale au double de celle des témoins [13] [Documents n° 13 à 16] .
- En Egypte, des chercheurs ont trouvé des résultats similaires dans le tractus gastro-intestinal de souris nourries avec des pommes de terre génétiquement modifiées avec la toxine Bt [14].
- Depuis le début des années 1990, l'Administration pour l'Alimentation et les Médicaments des Etats-Unis (FDA) avait montré que des rats nourris avec des tomates génétiquement modifiées avec un gène antisens, destiné à retarder la maturation des fruits, présentaient des perforations au niveau de leur estomac [13].
- La société Aventis (maintenant incluse dans le groupe Bayer) avait trouvé une augmentation de la mortalité de 100% chez des poulets d'élevage nourris avec du maïs T25 tolérant au glufosinolate, comparativement aux animaux des lots témoins [15].
[Tous les faits rapportés ci-dessus sont résumés dans le Document n° 17].
- De nombreuses anecdotes d'agriculteurs et d'autres personnes ont indiqué que le bétail, les animaux à l'état sauvage et les animaux de laboratoire évitaient la nourriture provenant d'OGM et qu'ils se développaient mal ou mourraient lorsqu'ils étaient contraints d'en consommer [15, 16].
Différentes formes d'aliments provenant de plantes génétiquement modifiées, et destinés aux animaux et aux êtres humains, ont causé des problèmes chez plusieurs espèces d'animaux. Il n'est pas nécessaire d'être un génie scientifique pour suspecter qu'il y a quelque chose qui ne tourne pas rond avec le procédé de modification génétique lui-même ou dans l'insert génétiquement modifié qu'ils possèdent en commun.
L'industrie mettant en oeuvre le génie génétique a été lancée sur un mythe. Il convient maintenant de tirer le rideau sur elle, car la vie sera toujours à l'�uvre après le cauchemar des modifications génétiques.
Comment vivre avec le génome fluide
Le génome fluide nous apprend que nous avons été affreusement mal orientés à travers les politiques traitant de notre santé et de l'environnement.
Tout comme les diamants, les gènes ne sont pas éternels. La réponse des gènes et des génomes à l'environnement démonte clairement que le seul moyen de maintenir ceux-ci constants et en bon état, c'est de disposer d'un équilibre écologique. Par ailleurs, il est définitivement futile de penser que nous pouvons aller à la ruine de notre écosystème et, dans le même temps, nous maintenir en bonne santé si nous disposons de �bons' gènes [Voir « Le génome fluide et la santé » dans le Document n°19] .
De nouvelles preuves, rapportées dans les différents numéros de la revue Science in Society [Document n° 18] ont montré que des agents toxiques, présents dans l'environnement, peuvent perturber les séquences d'ADN dans les génomes [17], et que ces séquences perturbées peuvent être liées à un ensemble de maladies chroniques comme le syndrome de la Guerre du Golfe, le syndrome de la fatigue chronique, des maladies auto-immunes et des leucémies.
Des travaux de recherches récents ont également révélé que le régime alimentaire de la maman peut modifier l'ensemble de l'expression des gènes au niveau du f�tus, et affecter l'état de santé futur, et prédisposer à des maladies chroniques pouvant survenir beaucoup plus tard dans la vie, des maladies telles que des cancers, des attaques, des diabètes, de la schizophrénie et de la folie maniaco-dépressive [18]. De plus, de tels effets peuvent persister à travers les générations suivantes [Document n° 20 : repenser la santé] .
D'un autre côté, des compléments dans le régime alimentaire sont aussi capables d'inverser certains des effets dommageables en modifiant les gènes eux-mêmes. Des souris femelles qui ont reçu des compléments dans la ration avant d'attendre des petits, ont produit dans une large proportion, des descendances minces et en bonne santé, alors que sans cette mesure, elles seraient devenues obèses. Plus remarquable encore, des souris femelles qui s'occupaient bien de leur progéniture, laissaient une empreinte dans les gènes de celle-ci, qui devait réduire la réponse au stress dans leur vie future [19].
Tout cela pour dire que, par chance, le génome fluide peut aussi se raccommoder lui-même, si nous arrêtons de lui porter atteinte avec de l'air pollué, de l'eau impure et de la nourriture de mauvaise qualité.
La révolution de l'approche biologique en science.
Le génome fluide n'est qu'un aspect de l'approche biologique dans la science occidentale qui a vu le jour au début du siècle dernier [20 ème siècle], mais qui a été temporairement éclipsée par la biologie mécaniste, réductionniste, du Dogme Central. Le contraste est frappant : l'approche mécaniste ou réductionniste est une suite linéaire de commande et de contrôle, alors que l'approche biologique globale constitue un système d'interrelations et d'intervention à tous les niveaux.
Comme petite surprise, je vous offre une nouvelle vision d'un organisme vivant en pleine santé en train de « danser avec la vie ». Les énergies électriques et électromagnétiques permettent à toutes les molécules, aux cellules et aux tissus du corps de communiquer entre eux et de coordonner leurs activités à travers un continuum cristallin liquide. Lorsque les interrelations et la coordination sont parfaites, nous obtenons un état de cohérence ou de globalité. L'organisme vivant est si cohérent que toutes ses molécules dansent de façon cohérente entre elles pour produire toutes les couleurs de l'arc en ciel, d'où le titre de mon livre sur le sujet [20]. [« L'arc-en-ciel et le ver » de Mae-Wan HO, Document n° 23] .
Ce n'est pas seulement une jolie image [Document n° 24] . Elle nous indique aussi que l'organisme capte et emmagasine de l'énergie dans une gamme d'activités qui vont de l'ultrarapide à l'extrêmement lent, du point le plus précis à l'ensemble complet et elle mobilise cette énergie le plus efficacement et le plus rapidement avec un minimum de perte ou de dissipation.
De la même manière, les écosystèmes durables [21, 22] vont dépendre d'espèces très diverses pour capter et emmagasiner le plus possible d'énergie vitale, qui se manifestent sur toutes les échelles d'espace et de temps, depuis les bactéries jusqu'aux baleines et aux séquoias géants [23].
Le modèle d'agriculture qui a été promu par la science occidentale depuis un demi siècle est le type de monoculture à hauts rendements de la révolution verte, dépendant d'importants intrants : fertilisants, herbicides, insecticides, fongicides, sans oublier l'eau des gigantesques projets d'irrigation, qui ont fait des dégâts considérables à l'environnement, arrachant les petits producteurs de leurs terres et les propulsant vers la pauvreté, voire au suicide [Documents n° 25 et 26] .
La perte de biodiversité résultant des monocultures de la révolution verte est fantastique. Sur 7.000 espèces alimentaires utilisables, 103 espèces assurent 90% des cultures de plantes alimentaires dans le monde, et seulement trois, à savoir le riz, le blé et le maïs, fournissent 50% des calories [à partir des rations alimentaires] et 56% des protéines [24]. [Document n° 27].
A l'opposé de cela, dans la Parc National Gunung Haliman, dans la partie ouest de l'île de Java en Indonésie, une merveilleuse association de riz cultivé en terrasses se combine avec les jardins sous couvert d'arbres, qui font bon ménage avec les différentes formes de vie et la biodiversité qui en résulte [Document n° 28] . La biodiversité et la productivité vont de pair, comme l'ont toujours su les véritables paysans partout dans le monde.
Les écologistes des milieux universitaires sont en train de redécouvrir la même chose. Dans une expérimentation conduite sur le long terme, et qui a débuté en 1994 sous l'égide de l'Université Saint Paul, dans l'état du Minnesota aux Etats-Unis, David Tilman et ses collègues [25] ont démontré que les champs deviennent d'autant plus productifs que plusieurs espèces sont cultivées ensemble, en association, dans les parcelles, et cela s'améliore année après année.
Les champs ainsi conduits avec de la biodiversité ont été deux à trois fois plus productifs. La biomasse s'est développée non seulement au dessus du niveau du sol, mais également au dessous de la surface du sol, ce qui est une bonne nouvelle pour séquestrer le CO2 de l'atmosphère et contrebalancer les effets du réchauffement climatique [Document n° 25 et 26] .
David Tilman m'a rapporté également que ces champs, avec une bonne diversité de plantes cultivées, ont vu leur matière organique maintenue dans les dernières années en même temps que les mauvaises herbes étaient assez bien contrôlées [26].
Il y a eu plein d'innovations qui ont apportées à l'agriculture traditionnelle à base écologique, depuis les années 1980, et elles furent accompagnées de la redécouverte de la biodiversité locale.
Takao Furano, auquel j'ai rendu visite en 1999 [27], prépare lui-même son saké biologique à partir du riz qu'il récolte sur ses terres. Il se réfère à un slogan qui s'exprime ainsi : « Un oiseau, dix mille trésors » [Documents n° 31 et 32] . L'oiseau dont il est question ici, c'est le canard qu'il introduit dans ses champs de riz après la mise en place, et qui se nourrit à partir des insectes et des mollusques nuisibles (de parasites, ceux-ci deviennent une ressource), qui aère l'eau et qui provoque une stimulation des plants de riz, lesquels se développent alors vigoureusement et donnent plus de rendement.
Les déjections des canards vont nourrir les daphnies et les autres petits microorganismes qui vivent dans l'eau et qui se nourrissent de plancton, et cela va produire des aliments pour d'autres insectes (cafards�). Les « herbes à canards » qui se maintiennent à la surface de l'eau des rizières sont très utiles pour la fixation de l'azote, pour attirer les insectes et, bien sûr, pour nourrir les canards. Ces « herbes à canards » procurent des cachettes pour les poissons ; elles sont très prolifiques : doublant tous les trois jours, elles permettent un ramassage pour nourrir le bétail.
A la fin de la campagne de culture, Takao Furano enregistre une moisson exceptionnelle de 7 tonnes de riz, 300 canards et 4.000 poussins, sans compter les poissons, à partir de 1,4 hectares de rizière. Une autre parcelle de 0,6 hectares produit des légumes, cultivés selon les principes de l'agriculture biologique, et qui vont nourrir une centaine de personnes en plus des neuf membres qui constituent sa famille.
A ce compte là, moins de deux pour cent de la population seraient nécessaire pour nourrir le pays tout entier [le Japon, soit environ 125 millions d'habitants]. Le système est parfait, car il ne requiert aucun désherbage chimique.
Le mythe d'une empreinte écologique constante
L' empreinte écologique est utilisée pour estimer combien de personnes peuvent être supportées sur un morceau de terre ou sur la Terre entière. Elle est généralement considérée comme constante. Mais cela est aussi un mythe car cette empreinte écologique dépend de la façon dont la terre est mise en valeur. En raison des principes écologiques, les petites exploitations agricoles familiales sont de 2 à 10 fois plus productives que les grandes exploitations mécanisées avec des monocultures [30].
Au cours des dernières années, les agriculteurs africains situés tout le long de la bordure saharienne, au Nigéria, au Niger, au Sénégal, au Burkina Faso et au Kenya, ont fait reculer le désert et ont rendu les collines verdoyantes [31], simplement en intégrant les cultures et le bétail afin d'augmenter le recyclage des nutriments du sol et en réintroduisant les méthodes traditionnelles de conservation de l'eau pour surmonter la sécheresse. Les rendements de beaucoup de cultures ont doublé ou triplé, bien au-delà de l'accroissement de la population [Document n° 33].
Dans quelques zones, la densité de population, et de ce fait la capacité du milieu à supporter celle-ci, a été multipliée par cinq, à partir d'un sol bien plus productif que par le passé.
D'autres exemples remarquables de pratiques agricoles durables ou soutenables vont être donnés prochainement à partir :
- d'une part, de la contribution intitulée Greening Ethiopia, de la Directrice de l'Institut du Développement Soutenable en Ethiopie, Sue Edwards [sa contribution en anglais est accessible par Text and Powerpoint Presentation ].
- d'autre part, de la présentation en anglais intitulée Potential for Agroforestry for Europe based on Asian experiences du Professeur Bob Orskov , de l'Unité des ressources alimentaires internationales d'Aberdeen, en Ecosse [accès par Powerpoint Presentation ].
Une Europe à l'abri des OGM
En conclusion, nous devons à l'évidence nous prononcer contre les cultures d'OGM, mises en place à partir de plantes génétiquement modifiées, et en faveur des bonnes pratiques d'une agriculture durable ou soutenable.
Le dossier complet d'information est fourni dans le rapport de l'ISP , �Independent Science Report� [32], intitulé � The Case for a GM-Free Sustainable World �, [Documents n° 34 et 35] distribué ici aujourd'hui dans les versions anglaise, française et espagnole. Les traductions en allemand, en portugais et en indonésien sont en cours.
Se basant sur de telles évidences manifestes, la démarche rationnelle est, dorénavant, d'aller vers une Europe sans OGM , et de s'orienter complètement et de toute urgence vers une agriculture durable, soutenable et sans OGM , particulièrement en présence du changement climatique qui nous menace. Il n'y aura pas d'autres voies pour nourrir le monde en dehors de cette agriculture durable, si nous voulons en éviter les pires conséquences comme l'a rappelé Teddy [on peut se reporter à la contribution du Professeur Peter Saunders du King's College de Londres intitulée « Feeding the World under Climate Change» Text ].
Nous rejetons [33] l'Eurovision des biotechnologies promue dans le document � Plants for the future � Plantes pour le futur � [34] que la Commission Européenne a sorti en collaboration avec les industriels des biotechnologies. Il y a des abus énormes et un mauvais emploi de l'argent des contribuables qui vont à l'encontre de la sécurité alimentaire et de la santé de tout le monde.
Afin de répondre réellement à tout cela et afin d'améliorer les pires excès du changement climatique, l'Europe doit, au contraire, investir sérieusement et dès maintenant dans une agriculture durable ou soutenable.
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Compléments et définitions :
Cultivar : un ensemble homogène de plantes génétiquement stables qui proviennent d'une sélection orientée, qui correspond en outre à des critères officiels d'homologation en vue de sa commercialisation et qui est destiné à une mise en culture en vue d'une production.
Durable ou soutenable : le concept de développement durable se réfère à une définition officielle, proposée en 1987, par l'Organisation des Nations Unies selon les termes du rapport Bruntland : « C'est un mode développement qui répond aux besoins des générations présentes sans compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs propres besoins ». L es lecteurs francophones peuvent se reporter au cours article suivant : � Un enjeu de société � Les fondamentaux du développement durable �. Jacques Hallard. In � L'Echo � Mensuel de la filière des fruits et légumes� , octobre 2004, N° spécial : Le développement durable � Les entreprises face à leur responsabilité sociale. N° 205, pages 46-50.
Empreinte écologique : nous avons retenu cette formulation pour traduire l'expression « carrying capacity ». La notion d'empreinte écologique consiste « à évaluer quelle charge fait peser sur la nature une population donnée. Il s'agit de calculer quelle est la superficie "consommée" annuellement par chaque individu, en divisant la surface nécessaire à produire l'ensemble des biens consommés par la communauté (comme les terres cultivées ou les espaces aquatiques productifs) par le nombre d'individus dans cette communauté ». Source Novethic : http://www.novethic.fr/novethic/site/guide/glossaire.jsp?firstletter=e
C'est encore une mesure de la pression qu'exerce l'homme sur la nature, un outil qui évalue la surface productive nécessaire à une population pour répondre à sa consommation de ressources et à ses besoins d'absorption de déchets.
Source W.W.F. : http://www.wwf.fr/developpement_durable/missions.php?mission_id=34
Génie génétique : c'est une branche de la biologie moléculaire et de la biotechnologie. Il englobe les aspects théoriques et pratiques des techniques qui ont pour but d'isoler, d'analyser et de recombiner des gènes et de les intégrer dans des organismes vivants. Dans sa conception générale, le génie génétique recouvre toutes les méthodes, techniques et stratégies qui permettent d'intervenir sur le génome. Il implique des modifications orientées, ciblées et le transfert de molécules biologiques qui sont à la base du patrimoine génétique. Le génie génétique remonte à l'année 1973, quand les Américains Stanley Cohen et Herbert Boyer ont publié pour la première fois la modification d'une bactérie au moyen de techniques génétiques. Cette première expérience avait donné lieu à la transmission par génie génétique d'une propriété de résistance aux antibiotiques.
Intrants : toutes les matières qui entrent dans un système de production agricole : semences ou plants, fertilisants, produits phytosanitaires ou pesticides pour les productions végétales, jeunes animaux ou poissons d'élevage, nourritures pour les rations animales, produits vétérinaires pour le bétail et autres animaux d'élevage dans le cas des productions animales, matériel de conditionnement des produits, carburants et combustibles, etc�
OGM : O rganismes G énétiquement M odifiés (on dit également transformés ou transgéniques). Nom donné à un être vivant issu d'une cellule dans laquelle a été introduit un fragment d'ADN recombiné, étranger. L'individu OGM qui en résulte, possède dans toutes ses cellules l'ADN recombiné étranger introduit au départ et intégré dans son patrimoine génétique.
Manipulation ou transformation ou modification génétique, ou encore Transgénèse = ensemble de manipulations de laboratoire qui consistent à intégrer de l'ADN recombiné d'origine(s) diverse(s) dans du matériel vivant receveur pour donner naissance à un organisme génétiquement modifié ou OGM .
Traduction et compléments :
Jacques Hallard, Ing.CNAM, consultant indépendant
Adresse : 2240 chemin du Tilleul F.13160 Châteaurenard
Courriel : [email protected]
Fichier : OGM La vie après le cauchemar des manipulations génétiques 8.rtf ---
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